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Container Photo Fanchon Bilbille
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Container Photo Fanchon Bilbille

Écriture et mise en scène :  Sigrid Bordier

Chorégraphie : Christine Maltète-Pinck

Musique : Sigrid Bordier

Arrangements musicaux : Sigrid Bordier et François Boutibou

Technique : Ludovic Mepa

Développement : Céline Blanché

Administration : Hélène Baisecourt

 

Durée : 1h / Tout public

 

Partenaires : Circa (dispositif FABER-Régional Occitanie), l’Entre-Pont (Nice-06), AMACCA de Breil sur Roya (06)

Soutiens : Régional Occitanie, Ville de Valbonne (06), l'Entre-pont (Nice-06), l'AMACCA (06) et la ville de Genève via l’Étincelle

"Si je suis là ce soir, parmi vous, c'est surtout pour échapper à moi même... Mais je suis venue avec moi, comme je le fais à chaque fois"

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Oscillant entre fragilité et puissance comique, musique et théâtre, CONTAINER invente un espace où l’existentiel côtoie sans cesse l’anecdotique et échappe aux règles.

Cette femme aux multiples talents faussement incontrôlés cherche la légèreté avec une gravité déplacée… Elle n’a de cesse de vouloir exprimer sa perception du monde toujours en prise avec une recherche de vérité et d’absolu … qui touche à l’absurde.

Cet élan est perpétuellement fauché en plein vol par la nature de cette artistes solitaire, comme le revers d’une même médaille. De son implication démesurée, de son désir excessif à vouloir exister pleinement, le rire naît là où on ne l’attend pas. L’attachement et la tendresse sont, elles, au rendez vous dès les premiers instants.

Dossier artistique 

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Dates 2024

> du 14 au 16 novembre 2024

  • le 14 ⎮ Carbonne – salle du Bois de Castres - 21h

  • le 15 ⎮ Lilhac – salle des fêtes - 21h

  • le 16 ⎮Boussens – salle des fêtes - 21h


programmé par

Pronomade(s) en Haute-Garonne, Centre national des arts de la rue et de l’espace public (31)
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> 22 août 2024 - Labroquère (31)

programmé par

Jeudis en Scène

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"Il y a cet enfant, en nous, qui n'oublie pas en quel mépris il fut tenu, à quelle froideur il fut exposé, avec quelle angoisse il a dû affronter seul des nuits envahies de fantômes (les siens et ceux des autres), dans l'oubli du secret dans lequel, comme dans un linceul, il fut enveloppé. Qu'avons nous préservé de cette sauvage solitude à laquelle nous fûmes ordonnés ? À qui nous fier ? Que faire de tous ces mots en désordre : ordres, malédictions, promesses, interdictions, déposés en nous n'importe comment...Quelle fièvre créatrice les délivrera de notre corps, et à quel prix ? Il y a cette terreur ténue du monde déposée en nous comme un film recouvrant le monde pour qu'il soit habitable. Ces mots-là traduisent l'effroi que le monde ne se repose pas entre nos mains. Le risque le plus grand, on le sait depuis toujours, Quitter l'enclos, le ventre des solitudes, l'abri du familier.

On pourrait croire que l'on se laisse rêver, distraire, qu'on aime aimer et que l'on se réjouit de la solitude, mais qui serait dupe... Nous doutons de notre perception comme nous doutons de notre désir. Nous sommes tyrannisés par l'angoisse de ne pas nous réaliser, par la peur de manquer notre vie comme si là, tout près, résidait la "vraie" vie, l'existence pleine de sens pour qui saurait s'en emparer, en profiter pleinement. Ce doute est notre double, qui nous persécute de son étrange et insistante douceur. Se laisser envahir par la perception, par les images venues de notre capacité perspective infiniment plus vaste que le moi, c'est permettre à tout ce qui en nous enregistre, comprend, capte, entend, démêle, entremêle, ce qui en nous contient des informations sur plusieurs générations et a l'intelligence de multiples personnes, de plusieurs genres, animal compris et végétal aussi sans doute, de penser, de rêver. Et si oui, quel est le risque ?Celui d'entrer dans le domaine de la pénombre, de l'indistinction apparente, de la confusion des sens et des genres, de cela que nous atteignons parfois avec l'ivresse et la drogue et l'onsomnie et l'état amoureux et la panique : une extralucidité qui nous enlève le fardeau de cent mille vies.

Socrate, quand il interroge la Pythie, reçoit d'elle cette parole : "gnotis eotov"; le "souci de soi" auquel elle le renvoie n'est pas celui du petit appareil moïque mais d'une capacité d'être à soi dont la perception non séparée de l'intelligible est le point d'appui.

"L'émotion ne dit pas je, dit Deleuze. Vous le dites vous-même, on est hors de soi. Il est très difficile de saisir un évènement, mais je ne crois pas que cette saisie implique la première personne." Pour comprendre ce dont notre perception est capable, hors les frontières de notre seule subjectivité, il nous faut déconstruire encore et toujours ce qu'on croyait être soi. Ne pas "devenir" soi-même, mais aller vers soi comme on va à la rencontre de l'amour. Construire du blanc avec de la lumière, abandonner les dettes d'enfance et les règles truquées des rôles auxquels nous nous prêtons, et toute une économie qui veut substituer au désir le besoin. Éprouver "le dérèglement de tous les sens", écrivait Rimbaud. Traverser les frontières de la perception au risque de perdre les frontières de sa propre identité, qui le ferait de gaieté de coeur ? Cotoyer la destruction, les abîmes. La question de l'addiction se pose là plus instamment que jamais. La dépendance nous attrape avec le premier souffle dans les poumons, avec la déchirure placentaire, et se fixe en nous comme un principe qui se perpétue, que nous le voulion ou non, dans une recherche de substances, d'objets, de corps, de sexe ou d'idéaux auxquels on identifie la vie. "Une perception élargie, telle est la finalité de l'art, écrit Deleuze. Or un seul but ne peut être atteint que si la perception brise avec l'identité à laquelle la mémoire la rive. (...) Ce que veut dire élargir la perception, c'est rendre imperceptibles sonores ( ou visisbles) des forces ordinairement imperceptibles.

Pierre Guyotat. témoigne de ce que l'expérience de la réanimation est une traversée de l'au-delà, terrifiante chambre d'écho où le moi est dissous, "comme si toutes vos arrières pensées avaient un écho immédiat... c'est terrible, vous êtes écartelé, quand vous sortez de là, vous êtes damné, vous avez encore. un peu un aspect humain, presque rien ne reste...". Tout devient terriblement charnel et obscène. "Vous. avez envie de partir, vous ne pouvez plus dire "je" et pourtant il faut revenir et tout reprendre" (...) "il faut replonger là dedans, dans l'affect, alors que vous êtes dans un monde qui risque de devenir agréable, détaché...", "l'impureté, ça va recommencer, et la fatigue", "et vous avez fait une grande partie du trajet vers la disparition, après les grands rêves terrifiants c'est l'accalmie et "on" aimerait qu'on vous y laisse"(...) "C'est arrivé, voilà. J'aime la vie c'est évident, tout en pensant que ça n'a aucune importance" (...) On aimerait pouvoir vivre, ce qui mène tout cela, c'est le désir d'absolu, l'absolu en ce monde" Revenir comme Pierre Guyotat ici en témoigne, de ces territoires entre. vie et mort dont on aurait pu ne pas réchapper vivant, corps broyé, esprit emporté, grandes dépressions, état schizoïdes, paralysies, etc, c'est faire l'expérience de ce que bord du monde où l'on est plus "je", de ce bord de soi qui n'est plus qu'une plaie vive. La pure perception n'est pas un simple état de présence, mais plus "personne" n'est là pour assurer une adéquation sereine avec je, avec soi. Ceux qui ont exploré cette frontière entre. douleur insupportable et. dissolution de tout ce qui arrime à la vie en parlent rarement, et même lorsqu'ils s'en font témoins, c'est encore. avec une infinie pudeur qu'on ne saurait franchir, en imaginant à leur place ce qui a été vécu et d'où ils sont revenus.

Nous avons peur de notre capacité de percevoir, de ce qui en nous est "voyant", de ce que le language commun appelle intuition, c'est à dire d'un savoir en avance de soi; on voudrait s'en délivrer avant même qu'il ne nous soit clairement formulé. Nos gestes, nos rêves, lapsus, nos actes manqués nous révèlent, après coup, comme une parole prophétique, cette capacité de perception intelligible plus vaste que le moi. Dans la création, il tout le temps question de ce dispositif logé en avant de soi et qui nous informe, en quelque sorte à notre insu, et se dépose sur la toile, dans la partition ou sur la page avant même que notre conscience s'y attarde ; elle n'en prendra connaissance qu'à la relecture.

Anne Dufourmantelle - Éloge du risque  

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